Les rapports dénonçant les exactions commises en Chine à l’encontre des Ouïghours, communauté à majorité musulmane, se multiplient. Pourtant, les pays membres de l’Organisation de coopération islamique ne défendent pas la cause de cette minorité religieuse opprimée.
Qui sont les Ouïghours ?
Les Ouïghours sont une ethnie musulmane sunnite, minoritaire en Chine mais majoritaire dans la province du Xinjiang, située au nord-ouest du pays. Turcophone, le peuple ouïghour est aussi présent au Kazakhstan, en Ouzbékistan, au Kirghizistan et en Turquie.
Dans la province autonome chinoise du Xinjiang, les velléités indépendantistes se heurtent depuis des décennies à la politique de sinisation du gouvernement. Les Hans, une ethnie majoritaire en Chine mais qui représentait 6 % seulement de la population du Xinjiang en 1949, sont arrivés par millions, si bien qu'aujourd'hui, ils sont presque aussi nombreux que les Ouïghours (plus de 10 millions).
Que sont ces camps ?
« Les camps d'internement sont avant tout des lieux de sanction et de torture, pas d'apprentissage. Des informations persistantes font état de coups, de privation de nourriture et de détention à l'isolement », a affirmé l'ONG Amnesty International dans un rapport publié en octobre 2018. Des chercheurs travaillant pour les activistes du Mouvement national d'éveil du Turkestan oriental (Etnam) ont récemment établi la carte de 500 camps, dont 182 « camps de concentration suspectés ».
D'autres documents révélés cette semaine par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) détaillent les règlements draconiens régissant la vie des camps. Les détenus y sont qualifiés d'« étudiants » devant « obtenir leur diplôme ». Est notamment instauré un système de points pour évaluer « la transformation idéologique » des détenus, leur « respect de la discipline » et leur ardeur à « l'étude ».
Les directives chinoises décrivent avec précision comment les gardiens doivent gérer la vie quotidienne des détenus. « Les portes des dortoirs, des couloirs et des étages doivent être fermées à double tour immédiatement après avoir été ouvertes et refermées », détaillent les auteurs. Un document spécifie que les internés doivent être constamment sous surveillance, y compris lorsqu'ils se rendent aux toilettes, afin de prévenir tout risque d'évasion : « Une vidéosurveillance complète doit être établie dans les dortoirs et les salles de classe, sans angles morts, de façon à ce que les gardiens puissent exercer leur surveillance en temps réel, enregistrer les choses dans le détail et rapporter immédiatement tout événement suspect. » Les gardiens n'ont pas le droit d'entretenir des relations amicales avec les internés afin d'éviter tout risque de « collusion », selon les directives. Les détenus n'ont pas le droit d'entrer en contact avec le monde extérieur.